lundi 23 février 2009

La révolution

La vraie. Celle qui nous fait tourner la tête. Celle de la Terre autour du soleil. La ronde à la fête de l'école à sept ans. Celle qu'on fait en dormant. pousse-toi. La foule. Celle qui court. Celle qui tourne, au prochain feu à droite. La révolution, pas la révolte. Non pas faire volte-face mais faire le tour d'un stade. S'essouffler. Écouter le même titre en boucle. La seule. Pas celle qui fait mal. Pas celle qu'on voit. Celle qui pivote vite, sans laisser de sillon. Pas d'onde. Pas un bruit.

Raconte-moi la fin. Essouffle-moi. Retourne-moi. Prends ma main. Dis-moi que tout tourne. Dis-moi que c'est la révolution.

lundi 05 mai 2008

Endormi

Pays endormi sur les lauriers de la liberté. Pays fainéant. Insufflé d'ingratitude. Inamovible et égal à lui-même, la paresse et la fierté nationaliste comme sœurs. La foi, la foi, la foi. Aucune profondeur ni objectif. Comme être sous une couette, au chaud mais ressentir un léger frissonnement, une gêne, un courant d'air... Mais l'ignorer encore. Ne pas se lever. Préférer ce coma presque confortable, cette léthargie désirée telle une récompense au goût acidulé plutôt que l'action. Plutôt que participer à la (re)construction d'une conscience collective...

Non... La France est un dimanche matin.

0 commentaire

lundi 21 avril 2008

Le reflet

D'autres en autres on se délaisse. On se néglige à ne pas assez négliger le reste. Jamais renié, mais déposé sur un banc de touche de sa propre vie. Et réussite sociale, et activités honorables, et autosuffisance, et renommée brillante. Pour s'auto-proclamer gourou de notre secte intérieure qu'est devenu l'ego face au masque traditionnel de la société. telle qu'elle est, douce et dure, belle et moche, riche et pauvre, à notre image. Masquée. De simples mots sont devenus suffisant pour décrire l'essentiel social actuel. Aucune interrogation n'émane d'aucun. Tout est limpide. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (© Copyright 1759). Et las, et désabusé, et éreinté. Pour s'aligner sur le correct, l'imposé, la suggestion de présentation. Suggestion que je dépose ici. Avec des mots. Sur un espace privé. En jouissant de l'article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. En m'auto-censurant. En vous invitant à ne pas me lire.

0 commentaire

mercredi 16 avril 2008

Regain

Blog merveilleux et stupide, débordant d'idées creuses mais ordonnées. Blog laissé à l'abandon puis rouvert, parfois. Tout doit changer. Blog épuré, nettoyé des dernières peaux mortes et choses insipides de grande valeur. Alors pourquoi continuer ? Pourquoi recommencer quelque chose qui de toute évidence répond aux caractéristiques classiques de cette cyclique tendance à disparaître ?

Après plusieurs mois de laisser-aller, après de longues réflexions sur la solidité des bases de cet exercice périlleux, peut-être une nouvelle ère. Lorsque les changements sont radicaux, alors dévions. Outrepassons les métaphores sucrées pour décrire le quotidien. Soyons réalistes, mais uniquement en fermant les yeux & try again.

Alors ici et comme ça, tout recommence. Tout redevient comme avant mais dans un nouveau décor, avec un nouvel esprit. Synthétiser en quelques phrases, en quelques paragraphes souvent maladroits cette inaptitude à vivre sa vie simplement sans en faire état, sans en décortiquer les méandres et tenter d'expliquer platement le concept auquel nous rattachons la nôtre.

Ci-gît la description instantanée et assumée de mes heures passées.

0 commentaire

samedi 10 novembre 2007

Et la p'tite fille chantait

RFM diffusait Liane Foly et Bronski Beat. Le patron avait une cicatrice au menton. La femme du patron avait des talons hauts et des bas résilles noirs, elle avait dû comprendre comment fidéliser le client, même si son quarantième anniversaire n'était plus qu'un souvenir, son sourire semblait enfantin et ses cheveux blonds. L'ardoise proposait une ratatouille provençale ou un couscous maison. Le chien s'appelait Hugo et avait huit ans. RFM diffusait Simon & Garfunkel pendant que je regardais dehors, les gens marchaient, traversaient habilement le boulevard sans se soucier de la fin du pétrole. Le vieux aux cheveux blancs bouclés buvait son porto comme s’il se fut agit de son dernier, il a posé quelques pièces sur le comptoir puis est sorti sans mot dire. Comme tout un chacun, l'ignorance semble être le mot d'ordre de cette vie que l'on partage à distance. L'ignorance de toi, de moi, on a tellement de conflits à régler avec soi-même qu'il est parfois impossible d'accorder de l'importance à l'autre. Une indifférence acquise comme un syndrome orphelin, comme une métastase du 'moi'. L'égocentrisme, la Terre ne tourne pas autour du soleil mais autour de ce 'moi', il en est de même pour nous tous. La sensation d'être seul, le fantasme du 'seul au monde'. RFM ne diffuse Bronski Beat que pour moi, Jimmy Somerville ne s'égosille que pour moi. Quel gâchis.

0 commentaire

vendredi 20 avril 2007

Original

Le café n'est pas bon mais bien servi. Le soleil se montre enfin et dans cette rue qui n'abrite que des boutiques pour ados en manque de personnalité, dans cette rue ou l'on ne vend que du cuir et des épines en métal, dans cette rue ou les semelles expansées de quinze centimètres passent inaperçues, il y a un café où je me sens bien. Moi j'ai dit c'est dingue comme ils veulent se sentir originaux et tu as dit que parfois, on ferait n'importe quoi pour masquer un manque de caractère. Moi j'ai dit que si sarko devait passer, je me casserais ailleurs, tu m'as demandé où, moi j'ai dit n'importe où, à Londres, à Québec, en Espagne... Je m'en fous. Les voisins de table se demandaient quand est-ce que la loi sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics serait effective et moi j'ai pensé qu'il restait encore un an pour vivre des moments comme celui-là, où je me sentais libre. Puis quand on en sort et qu'on marche, je me dis que c'est vraiment beau et que c'est vraiment nul pourtant. On a parlé de Jeanne Mas, on a parlé un peu moins de Calmann-Levy. On est passé devant ces magasins d'art qui vendent des reprographies d'affiches, de publicités anciennes tout ça. Tous ces gens qui pensent être originaux en contemplant la vache qui rit dans leur cuisine ou les affiches de Lautrec dans leur salon. Moi j'ai un début de scoliose, un début d'originalité ou d'adaptation selon si l'on trouve ce monde tordu. Je m'en fous aussi après tout. Je pouvais alors je l'ai fait, je suis entré au BHV où il y a les soldes encore et j'ai vu le jean que je voulais pour moi seul après je suis ressorti. Et devant l'Hôtel de ville c'était encore le bazar, quinze flics, autant de CRS qui ne semblaient pas vouloir négocier avec cinq gamins. Nique la police qu'ils disaient. Et puis j'ai continué à marcher. Là, contre un kiosque, il y avait un type debout, avec une petite boite à cigare ouverte à ses pieds, quelques pièces dedans et un autre mec pressé est passé devant lui et a donné un coup de pied dans la boite, il a continué sa route comme si de rien n'était. Moi j'étais scotché, j'ai dit t'as vu ? Il a dit oui, j'ai encore dit putain... Le type n'a pas bronché, il s'est baissé pour récupérer ses trois petites pièces et remettre en place la boite à ses pieds et moi j'étais planté là, en spectateur avec un sac BHV à la main. Je crois que je me suis détesté là. On a encore marché mais j'ai tiré la gueule jusqu'au pont d'Arcole où je me suis grillé une clope. On a vu l'heure bleue sur la Seine. Le genre de truc original. Après je crois bien que je l'ai embrassé et ça allait beaucoup mieux. On a récupéré le métro à Jussieu. On était serré l'un contre l'autre à cause du monde, j'avais envie de lui mordre l'oreille mais je ne l'ai pas fait, je lui ai juste dit. C'est tout.

1 commentaire

mardi 03 avril 2007

Je plaide

Je plaide les rues piétonnes, je plaide le Regent's canal, je plaide la recette fiscale, je plaide la synthèse des protides, je plaide le café sucré, je plaide le mouvement hippie, je plaide les accords en La mineur, je plaide le pili rose, je plaide la page 46 de l'édition poche de Windows on the world de Beigbeder, je plaide la poignée de la portière, je plaide les citations de Jules Renard, je plaide les numéros en 08, je plaide les descentes de lit en laine de mouton grec, je plaide le Levi's engineered à 99€, je plaide le mont des oliviers de Vigny, je plaide comme je respire. Je revendique l'age des pierres, je revendique le règne mitterrandien, je revendique le cendrier plein, je revendique la pelouse du jardin du Luxembourg, je revendique la page 46 de l'édition poche de l'écume des jours de Vian, je revendique les factures impayées, je revendique le préservatif à vingt centimes, je revendique les canaux hertziens, je revendique le jus de pamplemousse, je revendique l'oeuvre d'Albert Cossery, je revendique l'agence nationale pour l'emploi, je revendique les cuisines Hygena, je revendique les dictionnaires analogiques, je revendique les tenues de Brigitte Fontaine, je revendique la théorie du chaos, je revendique mon souffle vital. Je déplore les bateaux-mouche, je déplore le rayon spiritualité de la Fnac, je déplore la révolution industrielle, je déplore le parking automobile du Pont du Gard, je déplore la mort de John Lennon, je déplore le formatage des goûts et des couleurs, je déplore le verdict du tribunal populaire athénien en 399 avant Jesus Christ, je déplore les institutions publiques, je déplore le sepuku de Mishima, je déplore l'année 2004, je déplore la corruption des bonobos, je déplore les dérives de ce blog, je déplore ma dernière cigarette, je déplore les plaidoyers, je déplore les revendications, je déplore ma survie, notre survie à tous.

1 commentaire

mercredi 14 février 2007

La magie

L'exercice philosophique semblait ne se résumer qu'à la dissertation et au commentaire de texte lors de mes premiers cours à l'université. Réalité de fait. Un exercice limité par un cadre précis semble en effet plus rapidement évaluable en matière de restitution d'un travail élaboré selon une méthode. Connaître la méthode se résume ainsi à savoir lire, rédiger dans un cadre selon un plan pré-établi (en l'occurrence : l'introduction, avec thèse et présentation du plan de l'étude qui suit, quelques parties, généralement une thèse et une antithèse puis une conclusion avec une timide ouverture vers un sujet-débat plus précis et si-possible pertinent.). Thèse, antithèse, synthèse. Et ceci malgré les efforts de mon professeur de Lettres, qui, durant mes années de collège, s'évertuait à nous répéter « thèse, antithèse, foutaise ! » car pour lui, comme il en est pour moi et comme il devrait en être pour nous tous, un plan visible, un travail d'analyse transparent de sa structure perd tout sens. Un travail synthétisé par toutes les règles de présentation d'un commentaire de texte ou d'une dissertation, telles que les mots de transition, les règles de Pascal, se réduit par lui-même à une ébauche impersonnelle, aussi poussée soit-elle, une œuvre inachevée dont toute la qualité ne peut se trouver que dans les efforts de style de son auteur.

Lorsque nous lisons un roman, une nouvelle ou un simple article de journal, l'histoire ou l'information semble nous parvenir instantanément, sans effort d'analyse du texte en détail de sa structure. Ce texte répond bien évidemment à des règles, certes plus flexibles quand à la liberté du poète, le registre de la chronique ou même l'enjeu visé par le texte. Car encore faut-il le rappeler, écrire c'est avant-tout être lu. Écrire, c'est pour être lu. Par respect pour le lecteur, l'écrivain, journaliste, poète, romancier, etc. se doit de faire disparaître son travail de l'œil du lecteur pour qu'il n'en ressente que ce que l'auteur désire lui faire ressentir, pour que le texte ne transpire que le sensible, le fond d'une pensée. Privé de sa magie, comme peut l'être le cinéma actuel, un texte perd sa portée. Seul en littérature la magie est encore possible et tous les cadres que nous lui imposons, via la machine qui sanctionne, note, corrige, publie, sélectionne et renvoie nous en grignote chaque fois un peu plus. Les films fantastiques de ma jeunesse m'ont fait rêver, les effets spéciaux imperceptibles permettaient un réel investissement et une implication sans égal dans ce qui paraissait être un morceau de ce monde infini et illimité dans le possible – ce que, plus tard, nous concevrons comme ce que les grecs de l'antiquité désignaient de monde des idées – et je ressentais cette responsabilité de l'émotion qui m'envahissait. Le rêve provoqué par ces films a peu à peu disparu du fait de l'engouement des spectateurs pour les coulisses de cette magie, ils ont voulu savoir où était caché le lapin avant de sortir du haut-de-forme. Ainsi nous avons découvert comment les personnages disparaissent de l'écran, comment ils pouvaient voler, comment ils mourraient (pour de faux) grâce aux retouches numériques, les fonds bleus et toutes autres techniques révélées au grand public. La magie est tombée. Cette magie est désormais réservée à la littérature, ne la brisons pas de règles et d'artefacts prévisibles et identifiables. Toi qui créé, fais moi rêver.

0 commentaire

lundi 16 octobre 2006

Elisa

Elisa, c’est le prénom du test qui te dit que t’es encore séronégatif, que tu en as encore pour un moment à rester là, les bras croisés, à combattre le néant. Tu sors prendre l’air. Tu rentres chez toi pour travailler un peu. Ta vie passe, tu viens d’avoir 24 ans et tu ne te demandes même plus ce que l’avenir te réserve. Tu te surprends parfois à rêver face à ton miroir, espérant quelque révolution. Un jour, toi aussi tu auras ta chance. Oui, ce jour viendra. Alors tu penses qu’il faut continuer tes études tout en gardant la lucidité que tout plaquer pour bosser réellement, je veux dire pour un patron, qui te paie, serait sans aucun doute une meilleure façon de se confronter à cette réalité qu’ils ont fabriquée pour toi. Pour eux, les vieux, c’est fini les projets. Leur machine est en place. Ils ont pleuré toutes les larmes de leur corps irrité par les fumées lacrymogènes, ils ont saigné rue des Ecoles, ils ont hurlé leur avenir face aux matraques place de la Sorbonne et ils l’ont eue. Ils savent comment marche la jeunesse, ils en ont été les laborantins. De leurs mains vicieuses, ils ont testé leur propre jeunesse face au reste du monde pour en connaître les forces, mais également les failles. Ces même failles qu’ils utilisent dorénavant à leur avantage. Parce qu’ils sont vieux, parce qu’eux aussi sont passés par là et saisissent alors les opportunités. La jeunesse au pouvoir. La jeunesse sans âge d’il y a longtemps.

Elisa cherche-moi des poux, enfonce bien tes ongles. Cherche bien. S’il te plait.

0 commentaire

jeudi 07 septembre 2006

Le Monde Des Grands

Bienvenue dans le monde des grands et marche droit petit con, marche droit. Ici, tes rêves, comme tu le dis si bien ne sont que des rêves alors oublie-les, vite, ici tu es dans notre réalité, le monde qu'on se partage ne laisse pas de place à tes rêves. Pose tes jouets, bordel, pose tes jouets, il faut travailler et même plus, il faut donner ce que tu n'as pas. Allonge-toi pour dormir, le moins possible ou pour pleurer, mais ne le montre pas. Tais-toi. Retourne travailler et achète, si tu n'en as pas le temps, dors moins et continue. Souris, montre que tu vas bien et que tu es heureux, continue, tu commences à affiner ton pas, on dirait que tu marches droit. Ce cadre que tu vois tout autour de ta vie, certains l'ont dépassé, vois comme ils sont malheureux, comme ils souffrent de la maladie, de la faim et du manque de dignité. Tu les vois partout, mendier, supplier et mourir de froid. Réfléchis bien si l'idée de dépasser ce cadre venait à germer dans ton esprit civilisé.

Marche droit, paye toutes tes factures sans délai, si tu ne peux pas les payer, travaille plus et prend sur ton temps libre, sur ton sommeil, les loisirs ne sont qu'une part de tes rêves alors oublie-les eux aussi et ne perd plus ton temps à te plaindre car personne ne t'entend. Ici ce n'est pas un jeu mais il y a des règles, il faut que tu possèdes, plus que les autres, plus que tout le monde car seulement ce que tu possèdes te définit en tant que grand. Tu dois être grand. Si tu n'arrives pas à être grand par toi-même, trouve un moyen différent, emprunte et laisse-toi abuser car ça non plus ça ne se voit pas, beaucoup ont pour désir d'abuser de toi. Entre dans la danse qui n'a rien d'harmonieux. Cesse de prier car personne ne t'entend mais demande, à voix basse, demande la marche à suivre à ceux qui filent droit, à ceux qui sont ce que tu aspires à devenir, et à rester. Car le tout n'est pas de devenir ce que nous avons prévu pour toi. Une fois partant dans la bonne direction, nous te suivrons encore et te rappellerons chaque faux pas. Il ne te suffira pas de marcher droit mais de courir.

Quand enfin, à force de marche, tu auras enfin acquis la capacité de courir, alors tu n'auras plus besoin de réfléchir à ta destination. La vitesse de ta course te conférera l'illusion d'une liberté que nous t'indiquons de chérir.

Quand, à bout de souffle, tu auras couru tant de temps dans la bonne direction, viendra un moment où tu te poseras, une ultime fois. Tu regarderas derrière toi, tu y verras la ligne de ta vie creusée dans la poussière des corps qui l'ont façonnée pour qu'un jour tu t'y épuises à ton tour... Repose-toi, une dernière fois. Encore un souffle. Encore un. Juste un dernier. Merci d'être passé dans le monde des grands.

0 commentaire